2022 - Enquête IPSOS - représentations des Français sur le viol vague 3

Les viols sont des crimes et des atteintes très graves aux personnes, mais restent l’objet d’une tolérance, d’une loi du silence et d’un déni scandaleux, les violeurs continuant à bénéficier d'une large impunité. Cette nouvelle campagne 2021 présente les résultats d'un troisième sondage Ipsos, six ans après notre première enquête de 2016, 2 ans et demi ans après celle de 2019, 5 ans après le début du mouvement international de libération de la parole des victimes de violences sexuelles #Metoo et 1 an après le mouvement français #metooinceste. Nous remercions Fabienne El Khoury (http://osezlefeminisme.fr) et Muriel Salmona pour la réalisation des infographies présentées sur cette page.

Dans cette campagne, nous explorons l'évolution des représentations des Français·e·s sur les violences sexuelles, sur les stéréotypes sexistes, les mythes et la culture du viol, sur leurs niveaux d’information sur la loi, les conduites à tenir et les ressources en cas de violences sexuelles, sur leurs réactions face à l’électrochoc du mouvement #metooinceste, et enfin sur les mesures phares qui restent à prendre pour mieux lutter contre les violences sexuelles et mieux en protéger les enfants et les personnes vulnérables. Depuis l'enquête précédente, la loi Billon du 21 avril 2021 a complété la définition du viol, instauré des seuils d’âge du non-consentement, à 15 ans ou à 18 ans en cas d’inceste et a défini nouvelles infractions sexuelles de viol et d’agression sexuelle ne nécessitant pas de prouver la violence, la contrainte, la menace ou la surprise.

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rappel de résultats des enquêtes 2016 et 2019. rappel de stéréotypes sur la sexualité masculine ou féminine

Pour la 1ère fois nous voyons une amélioration avec un net recul de l’adhésion des Français·e·s aux stéréotypes sexistes et à la culture du viol par rapport aux deux premières enquêtes de 2016 et 2019, bien qu’une majorité des Français·e·s continuent à y adhérer, surtout les hommes. que pensent les Français et les Françaises
que pensent les Français et les Françaises, suite

En revanche ce n’est pas du tout le cas pour les jeunes de 18 à 25 ans et surtout pour les jeunes hommes de 18 à 24 ans qui adhèrent bien plus que les autres tranches d’âge à une vision sexiste et à une sexualité violente sans respect du consentement.

stéréotypes sexistes chez les 18-24 ans

stéréotypes sur le viol chez les 18-24 ans

Cela peut s’expliquer par par le fait que cette tranche d’âge a été la plus exposée dès l’enfance à des contenus pornographiques, avec des contenus souvent violents et dégradants envers les femmes et une érotisation de la haine et de la violence envers les femmes, ainsi qu'à des jeux en ligne mettant en scène des stéréotypes sexistes, une culture du viol et des scènes des violences sexuelles envers les femmes et étant associé à une communauté de joueurs qui véhicule une culture fortement sexiste.

L’insuffisance d’information sur les lois, le consentement les conduites à tenir et les ressources est flagrante et très préoccupante. méconnaissance de l'âge du non-consentement Que ce soit pour un mineur ou dans le cas d’un inceste, la majorité des Français ne connait pas l’âge de non-consentement.

Un quart des Français, y compris les femmes, ne connaissent aucun des services d’aide et de soutien aux victimes de violences : un autre frein important pour tous ceux qui seraient susceptibles de porter plainte ou d’avoir besoin de soutien. un quart des Français ne connaît pas les services d'aide

Le mouvement #Metooinceste est considéré comme ayant eu un impact positif et les Français·e·s sont une majorité à penser qu’il faudrait une médiatisation plus importante bien que près de 3 Français sur 5, en particulier les hommes, considèrent que ce type de mouvement de libération de la parole fait courir un risque important de délation et de fausses accusations... impact du mouvement #Metooinceste

Plus de 90% des Français·e·s sont favorables à de nouvelles mesures pour mieux lutter contre les violences sexuelles telles l’imprescriptibilité des crimes sexuels, la formation obligatoire de tous les professionnels, la création de centres de prise en charge des victimes de violences sexuelles dans chaque département, de même pour les premières mesures préconisées par la Commission indépendante inceste et violences sexuelles envers les enfants (CIIVISE) sur la suspension ou le retrait de l’autorité parentale du parent incriminé en cas d’inceste signalé ou condamné. sur l'imprescriptibilité
sur la levée ou l'allongement de la prescription

Nous pouvons faire l’hypothèse que l’intense médiatisation sur les violences sexuelles, les nombreux témoignages depuis et les nombreuses campagnes depuis 2019 et surtout la déflagration causée par la publication début janvier 2021 du livre de Camille Kouchner La familia grande où elle révèle les viols incestueux sur son frère jumeau commis par son beau-père Olivier Duhamel, suivie par un mouvement historique #Metooinceste de près de 80000 tweets en un week-end, la déclaration du président de la République, la mise en place de la CIIVISE et le vote de la loi Billon, et la déferlante de témoignages, d’émissions, de nouveaux hashtags sur les réseaux sociaux ont permis une prise de conscience de l’ampleur des violences sexuelles et de la nécessité d’intensifier la lutte contre celles-ci, à briser le déni et la loi du silence et à mis à mal le discours de propagande sexiste, anti-victimaire et de promotion de la culture du viol.

Cette enquête montre que le niveau de tolérance baisse vis à vis des violences sexuelles et qu’il y a une forte attente des Français·e·s.

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